Jour 13 : On se dirige vers notre première écluse
Une autre nouvelle expérience aujourd’hui pour Sarah et moi, nous allons passer à travers notre première écluse. Au total, nous ferons un total impressionnant de 25 écluses avant notre arrivée au Club Nautique de l’Ile Perrot!
Cette première écluse appartient à l’armée américaine et est donc de juridiction fédérale, il s’agit de l’écluse de Troy. L’écluse nous élèvera de 17 pieds pour amorcer notre prochain tronçon de route. C’est plutôt intimidant la première fois.
Bien qu’il soit possible de passer à travers une écluse en bateau à une seule personne (très expérimentée), il est préférable d’être 2 ou 3 personnes pour que tout se passe sans stress.
La procédure est simple en apparence, mais il s’agit d’un ballet bien orchestrée pour que tout se passe sans heurts. Gaëtan nous a éduqué sur tout ce qui doit être fait lors d’un éclusage :
- À moins d’un mile nautique de l’écluse, on signale par VHF (canal 13 aux USA, 68 au Canada) notre désir de passer l’écluse et dans quelle direction
- Une fois que la lumière passe du rouge au vert, on entre à vitesse très réduite dans l’écluse, et on colle le mur à tribord (droite), mais pas nécessairement
- Pendant ce temps, on sort les défenses du côté tribord, car on ne veut pas que le bateau frotte les murs de béton dans l’écluse
- On prépare nos gaffes (bâtons extensibles avec les extrémités en caoutchouc) pour, au besoin, repousser le mur et éviter de nous y cogner
- On attrape avec les gaffes, qui sont munies de crochets, les cordages qui pendent du haut du mur de l’écluse, puis on tient ces cordages durant toute la remontée (ou descente)
- Tout en tenant les cordages, on utilise les gaffes pour se tenir à courte distance du mur, pour ne pas frotter le bateau et nos défenses au béton
- Lorsque l’eau arrive à son niveau final, on va de l’avant avec le moteur et on relâche les cordes loin du bateau pour éviter qu’elle se prennent dans l’hélice du moteur
Ça semble compliqué à première vue, mais après 2 ou 3 écluses, chacun trouve son rôle et le tout se fait de façon presque automatique. Bien sûr, parfois les vents et les courants peuvent pousser le bateau dans différentes directions et c’est là que ça peut devenir un peu plus physique.
Disons que pour cette première écluse à Troy, je nous donne une note de passage, car nous avons dû tout apprendre et nous avons forcé physiquement beaucoup plus que les fois subséquentes, mais comme on dit, c’est le métier qui rentre. ?
Forts de cette première expérience relativement positive (rien de brisé!) et l’après-midi n’étant pas terminé, on se dirige avec entrain vers Lock 1, la première des 11 écluses officielles du Canal Champlain.
Arrivé là, quelques appels VHF sans réponse puis avec des réponses cryptiques, puis un appel téléphonique, pour finalement se faire confirmer que l’écluse était fermée pour le reste de la journée, et que ce serait ouvert de nouveau le lendemain matin. Hmmmm.
On doit donc revenir sur nos pas car le canal vers l’écluse est tellement étroit (moins de 100 pieds) qu’il est impossible de s’ancrer sans nuire à la circulation.
Je pensais initialement nous payer une marina pour la nuit car le vent commençait à monter, mais n’ayant pas de réponse du maître de port, je suggère qu’on aille utiliser un Free Wall disponible à moins d’un mile. Un Free Wall, comme son nom l’indique, est un mur de béton (ou des quais) avec attaches marines qui est offert aux navigateurs pour s’amarrer pour la nuit, sans frais et avec quelques (ou pas de) services. Celui-ci était fourni par la ville de Waterford. Un frais de 5 $ pour la clé des toilettes et douches était le seul coût pour cette nuit.
Nous avons donc pris le dernier endroit à quai disponible pour la nuit, car plusieurs attendaient déjà l’ouverture d’une autre écluse le lendemain, celle pour le Canal Érié qui permet aux navigateurs de rejoindre la ville de Oswego sous le Lac Érié… nous avons donc passé la nuit à l’intersection des 2 canaux les plus importants et connus de l’est Américain, canaux qui remontent au début des années 1800!
Ce soir là, on va souper à un pub irlandais, marcher dans la petite ville de Waterford et prendre des douches à l’eau froide parce qu’on juste pas envie de payer 1 $ pour de l’eau chaude… les gens de voile sont plus cheaps, que voulez-vous, on préfère mettre de l’argent sur le voilier ?