Épilogue… que retient-on de notre remontée du voilier?
Débuter son aventure de propriétaire d’un voilier de cette taille par un voyage de 3 semaines, c’est audacieux. Qui plus est, quand on doit le faire à partir d’un autre pays, il faut avoir une solide dose de préparation… et une certaine naïveté, on va se le dire.
Le voyage n’aurait pas été une telle réussite sans les bons coéquipiers. Notre skipper Gaëtan avait une telle assurance qu’il était difficile de ne pas se sentir en confiance. Et Sarah, avec qui je partageais ma vie que depuis quelques mois, a eu une importance plus grande qu’elle ne le réalise. À trois, nous avons travaillé (oui, c’est du travail, un convoyage) comme une équipe qui se connaissait depuis longtemps, dans le respect et la compréhension de l’autre, que nécessite ce genre d’effort.
J’ai dis naiveté parce que de remonter plus de 1 000 miles nautiques comme premier voyage, ce n’est pas banal. En fait, même à mon club nautique qui compte plus de 100 membres, seulement une poignée peuvent se vanter d’avoir navigué sur l’océan! Et moi, jeune capitaine, j’ai commencé par cette expérience!
Je sais maintenant que toute la préparation que nous avions fait en termes de trajet, de météo, de timings, de marinas et free walls, d’écluses, de gestion du fuel et de la nourriture, eh bien ce n’était pas une perte de temps. TOUTE cette info a été utilisée. Et je ne le saurai jamais, mais je présume que ça a contribué à réduire le stress de toute l’équipe de savoir qu’il y avait un plan.
Depuis ce voyage, Sarah et moi (oui, oui, nous sommes encore ensembles!) utilisons l’expression « camping extrême » pour parler de passer des nuits sur le bateau… extrême parce que l’ancre ne doit pas se décrocher, la gestion de l’électricité est un constant rappel de notre isolement, le moteur doit pouvoir démarrer à tout moment, la météo peut rendre une journée très désagréable (ou même dangereuse) rapidement, et j’en passe.
Nous avons donc un respect renouvelé pour Dame Nature… sur l’eau, la prudence est de mise et à au moins à 2 reprises, j’ai dû prendre la décision de rester à quai pour ne pas prendre de risques inutiles (et la 3ème, c’est Gaëtan qui l’a fait, basé sur son expérience). Et les 2 fois que je l’ai décidé, le lendemain nous a montré que non seulement c’était la bonne décision, mais que d’avoir continué aurait pu être… catastrophique. Nous sommes bien peu de choses dans une tempête déchainée sur une « coquille de noix », comparé à l’océan ou même à un plan d’eau comme le lac Champlain.
Mais comme nous le rapporte l’Histoire, « À vaincre sans péril, on meurt sans gloire » et donc, la gestion de ces risques a fait que tout a bien été, au final, et que nous avons vécu des moments et des expériences qui sortent vraiment de l’ordinaire.
J’ai à jamais des images gravées dans ma mémoire, des tranches de journée, des choses que personne ne pourra voir ou comprendre à moins d’être sur un bateau à l’orée d’une tempête, ou ces fameux levers de soleil vus d’un bateau sur l’eau, ou du brouillard à ne pouvoir que naviguer aux instruments!
Je sais que plusieurs ont lu nos péripéties à travers ce blogue et c’est ce que je voulais offrir … une histoire la plus fidèle possible de la réalité d’un tel voyage qui permettra à chacun de vous d’être mieux préparé, si c’est votre prochain aventure.
Bon vent!