Couple souriant sur un voilier par temps ensoleillé.

Bonne continuation, mon beau voilier

C’est avec un plaisir mitigé que je viens de vendre mon Catalina 30, le voilier dont j’avais rêvé depuis longtemps. Hier, j’ai donné les clés aux nouveaux propriétaires qui en prendront un soin jaloux, étant grands amateurs de voile eux aussi. Gin’Bo est assurément entre de très bonnes mains!

J’ai dis « mitigé » car pour ceux qui ne le savent peut-être pas, posséder un navire de cette taille vient avec des responsabilités et des obligations qui ne sont pas négligeables. Question de départager le romantisme de la voile, des obligations qui viennent avec, voici un petit cours 101 sur ce que ça impliquait comme gestion.

En effet, un voilier de cette taille doit être à quai (ou balle de mooring) à une marina car son poids (11 000 lbs) et sa taille (46 pieds de haut) rendent impossible la possibilité de la mettre à l’eau avec une remorque. Et être à une marina pour un voilier de 30 pieds peut coûter de 5 à 8 000 $ / an. Il est possible d’être membre d’un club collaboratif comme le Club Nautique de l’Ile Perrot où les coûts seront de moins de 2 000 $ annuellement. En échange, il faut donner des journées de bénévolat chaque année. C’est un échange juste, mais il faut avoir du temps disponible, chose plus difficile si on n’est pas à la retraite 🙂

Un voilier de 1987, pour demeurer fonctionnel et s’assurer qu’on est en sécurité sur l’eau, ça prends un entretien régulier: changements d’huile, vérification des pièces mobiles du moteur (courroie, impeller, filtres), vérification des haubans (fils métalliques qui tiennent le mat), vérification de tous les bouts (cordages), nettoyer le cockpit / pont / cabine, tester les connections électriques, nettoyer les panneaux solaires, etc. En gros, c’est parfait pour quelqu’un qui aime bizouner en mécanique, plomberie, électricité ET bichonner son jouet régulièrement. Vous voulez une analogie? Imaginez-vous posséder une auto qui a 38 ans et la sortir à la track pour faire de la course les week-ends d’été, en vous assurant que rien ne brise et que la peinture reluit. Ça donne une idée du défi 😉

La saison de voile est plutôt courte au Québec. On sort les voiliers à la mi-avril et ils retournent sur le dur (sortie de l’eau) à la mi-octobre. Le mois de mai est typiquement utilisé pour remettre le mat, les voiles, les toiles et la préparation générale du bateau; de toute façon, il fait plutôt froid et il y a beaucoup de pluie en début d’été. Il reste donc de juin à septembre (4 mois) pour en profiter, ce qui donne pour quelqu’un qui travaille à temps plein environ 17 weekends ainsi que ses vacances d’été (disons 2 semaines), donc un total de 45 jours possibles. De ces 45 jours, on peut en éliminer 50% pour causes de pluie / orages, absence de vent, canicule et obligations personnelles (famille, maladie, imprévus, autres engagements). C’est donc dire qu’il reste environ 22 jours de voile potentiels, et ces jours-là, il FAUT que ça te tente, que ça tente aussi à ton conjoint (ou un ami compétent en voile)…. mettons que les étoiles sont alignées et que ça arrive la moitié du temps, le chiffre tombe à 11 jours / été. C’est quand même un « pensez-y bien », pour quelqu’un encore à l’emploi qui a une vie semi-remplie 😉

J’illustre ces trois aspects parce que c’est important de réaliser que ça me prenais 8 à 10 jours de travail (bénévolat, préparation, entretien, réparation) par année, pour un potentiel 11 jours de voile par été. C’est un ratio de 1:1 entre travail et plaisir. C’est comme si je vous annonçais que pour votre prochaine semaine de ski dans un chalet, vous devriez faire le ménage et la réparation de ce chalet toute la semaine d’avant… vous diriez quoi? Clairement, les amateurs de voile sont une espèce particulière… en fait, c’est un domaine où le secret, c’est de prendre plaisir autant à la préparation et l’entretien de son matériel, que de son utilisation.

Ceci étant dit, durant ces quelques jours de plaisirs de l’été, faire de la voile a toujours été magique pour moi. Ce sentiment, quand on coupe le moteur, de n’avancer qu’avec la force du vent, aucun bruit sauf celui de la coque qui fend l’eau et du vent qui glisse le long des voiles, c’est un sentiment incomparable.

Quand tu dois garder tout tes sens en éveil pour garder ton cap, garder tes voiles gonflées, vérifier ton profondimètre pour ne pas heurter de haut-fond et toujours garder l’oeil sur l’horizon pour voir venir les coups de vent… c’est le genre de gestion que j’adorais et qui me faisait sentir comme tout navigateur depuis la nuit des temps.

En quelques années seulement, Sarah et moi aurons navigué sur le Lac Saint-Louis, mais aussi le fleuve Saint-Laurent, la rivière Richelieu, le Lac Champlain, la rivière Hudson (NY, USA), la baie de Chesapeake (Virginia, USA) et même l’océan Atlantique!

Je dois me rappeler que c’est une feuille de route peu commune en aussi peu de temps. Posséder un voilier est quelque chose que j’avais longtemps désiré et j’ai atteint cet objectif.

C’est à Sarah que je dois l’encouragement, la poussée, d’acheter le Catalina, de faire le move… de transformer mon rêve en réalité… elle qui n’avais pas navigué… un geste d’une grande générosité et confiance de sa part. Merci my love!

Mais posséder notre propre voilier n’était qu’une étape. Il y aura d’autres aventures, différentes et tout aussi enrichissantes. Une chose est sûre, il y aura toujours la proximité de l’eau impliquée dans nos activités ❤️

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